Brève histoire d'Internet
Internet est la mise en réseau mondiale des ordinateurs, ce qui permet
aux utilisateurs de communiquer (courrier électronique), de publier des
informations (Web), de transférer des données (FTP), de travailler à
distance
(SSH), de discuter (messagerie instantanée comme ICQ ou MSN), etc.
Au commencement... |
1957
L'URSS est la première des deux superpuissances à envoyer un satellite artificiel dans l'espace : c'est le fameux Spoutnik. Traumatisés, les États-Unis forment au sein du Département de la défense un groupe appelé ARPA ("Advanced Research Projects Agency"), constitué de scientifiques, chargé de concevoir des innovations technologiques appliquées à l'armée. |
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LUS Air Force
demande à un groupe de chercheurs de RAND (de "Research And
Development", association non lucrative visant à développer les
sciences et l'éducation aux États-Unis) de concevoir un réseau capable
résister à une frappe nucléaire massive, afin de pouvoir riposter à son
tour.
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La solution
est un système décentralisé, qui permet au réseau de continuer à
fonctionner même si une ou plusieurs machines est touchée. A contrario,
un système centralisé, lui, meurt dès que le centre est touché. L'idée
de décentralisation est due à Paul Baran. Plus précisément, c'est lui
qui pensa à un système où chaque machine, maillon d'un réseau en toile
d'araignée, chercherait, à l'aide de paquets de données dynamiques, la
route la plus courte possible d'elle-même à une autre machine, et où
elle patienterait en cas de « bouchons. » |
Un réseau décentralisé se met en place sur commande de l'ARPA à BBN
(Bolt Beranek and Newman Inc., une SSII de Cambridge, Mass.). Il
comprend quatre grands centres universitaires américains :
UCLA (Université de Californie à Los Angeles)
SRI (Institut de recherche de Stanford)
UCSB (Université de Californie à Santa Barbara)
Ces quatre centres
étaient reliés par des câbles 50Kbps, et utilisaient le NCP ("Network
Control Protocol"). C'est ce qu'on appelle l'Arpanet.
La date conventionnelle pour la « naissance d'Internet », c'est la date
de publication de la Première RFC (« Host Software », par S. Crocker),
le 7 avril 1969. C'est ce jour qui a été
choisi pour célébrer l'anniversaire d'Internet.
Définition : qu'est-ce qu'une RFC ? RFC veut dire «
Request For Comment ». Ce sont des documents de l'IETF (Internet
Engineering Task Force) qui ont vocation à être les standards
d'Internet. Que doivent contenir les en-têtes d'un courrier
électronique, comment présenter une URL, tout cela est défini par des
RFC. Le site RFC Editor contient une base de données de toutes les RFC,
avec un moteur de recherche.
C'est 1971 est inventé ce qu'on appellera plus tard une killer
application (une application qui tue des ours™), le courrier
électronique.
L'e-mail a donc un peu plus de 30 ans ! C'est l'une des utilisations
les plus populaires d'Internet : chaque année, des milliards de
courriers électroniques sont échangés de par le monde, et plus de 100
millions de gens possèdent une adresse électronique.
C'est Ray Tomlinson, de BBN, qui en est l'inventeur. À l'époque, Tomlinson travaille sur un système permettant à un utilisateur d'une machine de laisser un message à un autre utilisateur de la même machine (équivalent électronique d'un Post-It sur l'écran). En même temps, il teste un logiciel de transfert de fichiers via l'Arpanet. C'est en réunissant les deux concepts qu'il invente le courrier électronique. C'est également lui qui choisit l'arobase, ou arrobe (le fameux glyphe « @ » dont l'origine reste mystérieuse) comme séparateur pour les adresses électroniques. |
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Anecdote : que contenait le premier courrier
électronique jamais envoyé ? Le premier message télégraphique de Samuel
Morse était « What hath God wrought? », le premier message téléphonique
d'Alexander Bell,« Mr. Watson, come here; I want you ». Ray Tomlinson
ne s'en souvient plus bien, mais il pense que c'était : « QWERTYUIOP »,
la première rangée de lettres d'un clavier qwerty...
En 1973 se développe ce que l'on appellera plus tard le protocole
TCP/IP, l'une des pierres d'angle de l'Internet actuel, sous la
houlette de Vinton Cerf, de Stanford, et de Bob Kahn, de la DARPA
(nouveau nom de l'ARPA). Vous pouvez avoir quelques explications sur ce
protocole dans notre cours sur les réseaux.
Ce sont ces deux hommes qui, en 1974, parlèrent pour la première fois
d'« Internet ». Le protocole TCP/IP sera adopté par le Département de
la défense pour l'Arpanet en 1976.
L'IBM Personal Computer ou IBM PC, modèle 5150, est le premier ordinateur personnel produit, à partir de 1981 à plusieurs millions d'exemplaires par IBM (à la différence de ses trois prédécesseurs IBM 5100 et 5110 (et Système 23 Datamaster qui ne resta au catalogue que quelques semaines). | ![]() |
Au début de l'Arpanet, les informations nécessaires à la connections
des machines entre elles (conversion nom <-> adresse) sont
contenues dans un fichier nommé hosts.txt. Ce fichier est maintenu par
le Network Information Center (NIC en abrégé) de l'Institut de
recherche de Stanford. Chaque administrateur d'une machine reliée à
l'Arpanet doit envoyer ses modifications au NIC qui les centralise et
redistribue périodiquement le hosts.txt mis à jour. Au fur et à mesure
que l'Arpanet se développe, le système devient trop lourd à gérer : le
NIC ne peut plus faire face à la charge réseau, et il y a des problèmes
de collision (deux machines qui ont le même nom) qui peuvent mettre en
danger le bon fonctionnement de l'Arpanet.
En 1983, pour résoudre ce problème, un groupe constitué de Jon Postel,
Paul Mockapetris et Craig Partrige rédige les RFC 882 et 883 : le DNS
("Domain Name System") est inventé. C'est une base de données
distribuée qui permet une gestion locale des noms de domaine, tout en
rendant l'information disponible à tous. La base de données est divisée
en zones. Pour chaque zone, un ou plusieurs serveurs de noms (name
servers en anglais) répond aux requêtes des résolveurs. Les résolveurs
sont des programmes qui communiquent entre les programmes utilisés par
une machine et les serveurs de noms, et permettent de faire le lien
entre nom d'une machine (clipper.ens.fr par exemple et adresse IP.
En 1984 se mettent en place les «top level domains», c'est-à-dire les
suffixes comme .com, .gov, .net ou encore .org.
1989: naissance du Web
C'est avec la naissance du Web qu'Internet s'étend au grand public. Soyons puristes : on fait généralement remonter la date de naissance du World Wide Web au texte « Information Management: A Proposal » de T. Berners-Lee :
Tim Berners-Lee était alors chercheur au CERN de Genève, le laboratoire européen de physique des particules. Il souhaitait ainsi fournir au plus grand nombre de chercheurs possibles un système d'information global, fondé sur le système de l'hypertexte.
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Berners-Lee est
l'inventeur du premier serveur Web, qu'il appelle « httpd », et du
premier client Web, qu'il appelle « WWW », pour World Wide Web. Parmi
les noms envisagés et rejetés, il y a avait « MOI » (pour Mine of
Information, et « TIM » (pour The Information Mine)... À l'heure
actuelle, Tim Berners-Lee travaille au MIT et dirige le W3C (« World
Wide Web Consortium »), un consortium chargé de mettre au point les
standards du Web. Vous pouvez consulter sa page Web.
Pesant 4 kg, c'est le premier terminal sans clavier et premier
ordinateur portable à écran tactile avec un stylet. Environ 1 500
exemplaires seront vendus aux alentours de 3 000 dollars. La première
tablette tactile « grand public » remonte à septembre 1989. C'est le GridPad fabriqué par Linus Technologies |
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C'est en mars 1993 qu'est inventé Mosaic, le premier des navigateurs grand public, doté d'une interface graphique. Son auteur est Marc Andreessen, étudiant à l'Université de l'Illinois, et assistant au NCSA (National Center for Supercomputing Applications). La première version de Mosaic est pour Unix, mais rapidement sortent des versions pour Windows et Mac OS. Mosaic connaît un succès et immédiat
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Autre élément de l'importance de Mosaic dans l'histoire d'Internet :
c'est le premier navigateur a avoir reconnu la balise IMG, autorisant
ainsi l'emploi d'images sur des pages Web...
Tim Berners-Lee fonde le World Wide
Web Consortium, également appelé W3C.
Cet organisme a pour objectif et fonction d’émettre des recommandations
afin de promouvoir et d’assurer la compatibilité des technologies
utilisées sur le Web. Toutefois les standards
proposés ne sont pas des normes absolues. L’organisme, essentiel pour
assurer l’efficacité des applications tels que les navigateurs, est
géré conjointement par des universités et centres de recherche
américains, européens et japonais.
Dès
1990, la norme GSM, 2G est développée, et en 1992, le GSM est utilisé
dans sept pays de l'Europe avec un débit réel de 9,6 kbit/s. Le premier smartphone, l'IBM Simon, fut conçu en 1992 et commercialisé en août 1994. |
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Avec un capital de 1 millions de dollars, la société Google est créée en septembre 1998 par Larry Page et Sergey Brin. Google est un clin d'œil au terme mathématique googol, qui est l'équivalent au nombre 10 à la puissance 100.
Déjà
en 1996, Larry et Sergey, tous deux étudiants à l'université de
Stanford, travaillent sur un projet nommé Backrub, visant à analyser
les liens pointant vers un site web. Et c'est avec le conseil donné par
David Filo, co-fondateur de Yahoo, que Google sera créé. En effet les
étudiants pensaient integrer un moteur de recherche déjà existant.
En 1998, 10 000 requêtes sont effectuées chaque jour. Le 21 septembre
1999, la phase de test est terminée, avec plus de 500 000 requêtes.
En 2001, ce n'est pas moins de 1 million de requêtes quotidiennes et 3 milliard de pages référencées
Et en 2021 c’est 80 000 requêtes chaque seconde, soit 6,9 milliards par jour et 130 000 milliards de pages référencées.
Marc
Andreessen a continué de faire parler de lui en créant, en 1994,
Netscape, un navigateur qui supplante rapidement Mosaic et règne en
maître sur le marché des navigateurs, jusqu'en 1995, quand Microsoft
lance Windows 95 et son propre navigateur, Internet Explorer. Menacé
par ce puissant rival, Netscape, qui en est à Netscape 4, lance en 1998
le groupe Mozilla (d'après le nom de code de Netscape Communicator).
Le groupe Mozilla est chargé de produire un navigateur libre et
gratuit, que Netscape pourrait récupérer ensuite. Mais le groupe
Mozilla décide de tout réécrire de fond en comble et tarde énormément à
rendre un produit fini. Impatient, Netscape lance alors Netscape 6, un
navigateur qui ne satisfait personne et sera un échec complet.
Quand le groupe Mozilla sort enfin Mozilla 1.0 en 2002, Netscape
(racheté entre temps par AOL) peut lancer Netscape 7, mais c'est déjà
trop tard, Internet Explorer détient plus de 90% du marché.
En 2003, AOL prend acte de son échec et cesse de développer Netscape.
Il aide à mettre sur pied la Mozilla Foundation, chargée de poursuivre
l'écriture de Mozilla, permettant ainsi à une offre alternative libre.
Le 26 mars 1999 un virus du nom de
Melissa apparaît et génère un important trafic de messages
électroniques, saturant en partie les serveurs. L’auteur du virus sera
rapidement identifié et verra sa peine réduite grâce à sa collaboration
avec le FBI pour l'identification d'auteurs de virus.
Les
valeurs boursières spéculant sur les entreprises du secteur de
l’Internet ont atteint un paroxysme qui a subitement provoqué un sévère
revers. En effet, depuis plusieurs années, toute arrivée d’actions de
start-up Internet est accompagnée d’une espérance absolument exagérée
dans le potentiel de croissance de ces entreprises. Les cours
atteignent ainsi des proportions impressionnantes sans rapport avec le
chiffre d’affaire réel de ces dernières. Mais à partir de mars la bulle
éclate pour aboutir à un réajustement violent, entraînant le secteur
dans la récession.
L’histoire récente, vous la connaissez !
C'est l'essor considérable réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook,
avec la disparition progressive de la vie privée de leurs "clients".
L'augmentation quasi exponentielles des spams, virus, hoax, malware et autres emmerdes numériques !
La démocratisation d'Internet haut débit via le smartphone ou une tablette, nous enchaine encore plus à nos écrans !
C'est
la révolution permanente, la planète rétrécie a vue d'œil, Les
nouvelles bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses circulent de plus en
plus vite et de façon de plus en plus anarchique, vérolées si possible
par des pubs omniprésentes.
Extrait du blog de Mr Bruno Oudet sur le site Les Echo.fr
http://blogs.lesechos.fr/article.php?id_article=228
Aujourd’hui on connaît bien le tableau. La
quasi-totalité des cadres communiquent par courrier électronique, les
enfants des classes moyennes se sont appropriés l’outil et initient
leurs parents, l’administration s’y met avec un service d’information
en ligne chaque jour plus complet et performant, des procédures en
ligne. Le succès de l’Internet conduit même à voir baisser pour
beaucoup le nombre d’heures passées devant la télévision, un mouvement
qui est certainement destiné à s’amplifier. On achète sur le net des
voyages, des fleurs, des objets de brocantes, des voitures, des
appartements... Les CV ne circulent pratiquement plus que sous forme
électronique. Mais tout n’est pas gai. Les spams envahissent nos boîtes
aux lettres, les virus sont chaque jour plus agressifs et pernicieux et
nous laissons des traces sur la toile qui sont susceptibles de porter
atteinte à notre vie privée. Et puis il demeure la fracture numérique,
une occasion manquée d’aider grâce au numérique et à l’Internet ceux
qui en ont le plus besoin.
Et demain, que sera l’Internet ? L’imaginer est l’objet des rencontres d’Autrans, haut lieu de réflexion sur les usages de
l’Internet, et l’avenir. Certains disent que l’on ne peut sur ce sujet
prévoir que ce qui se passera dans trois ans, d’autres prédisent
carrément la mort d’ici cinq ans de l’Internet que nous connaissons et
l’apparition d’un système plus sécurisé, plus contrôlé. Professeur, je
pose évidemment une question sur les connaissances : Internet
restera-t-il cet immense fourre-tout de connaissances, de vécu, de
services qu’il est aujourd’hui, ou sera-t-il remplacé par quelque chose
de mieux organisé, validé, conservé ? Le modèle de financement
sera-t-il le même que celui de la télévision (par la publicité), ou
saura-t-on mettre en place un micro-paiement qui permettra une juste
rémunération des auteurs, accompagné d’un système de jetons gratuits
pour les personnes de faibles ressources ?