Brève histoire d'Internet



Internet est la mise en réseau mondiale des ordinateurs, ce qui permet aux utilisateurs de communiquer (courrier électronique), de publier des informations (Web), de transférer des données (FTP), de travailler à distance (SSH), de discuter (messagerie instantanée comme ICQ ou MSN), etc. 
  

  

Au commencement...


1957

  

L'URSS est la première des deux superpuissances à envoyer un satellite artificiel dans l'espace : c'est le fameux Spoutnik. Traumatisés, les États-Unis forment au sein du Département de la défense un groupe appelé ARPA ("Advanced Research Projects Agency"), constitué de scientifiques, chargé de concevoir des innovations technologiques appliquées à l'armée.

 

  

1962

     

LUS Air Force demande à un groupe de chercheurs de RAND (de "Research And Development", association non lucrative visant à développer les sciences et l'éducation aux États-Unis) de concevoir un réseau capable résister à une frappe nucléaire massive, afin de pouvoir riposter à son tour.
  

La solution est un système décentralisé, qui permet au réseau de continuer à fonctionner même si une ou plusieurs machines est touchée. A contrario, un système centralisé, lui, meurt dès que le centre est touché. L'idée de décentralisation est due à Paul Baran. Plus précisément, c'est lui qui pensa à un système où chaque machine, maillon d'un réseau en toile d'araignée, chercherait, à l'aide de paquets de données dynamiques, la route la plus courte possible d'elle-même à une autre machine, et où elle patienterait en cas de « bouchons. »
    
Le projet de Paul Baran est refusé par les militaires et ce n'est que 6 ans plus tard qu'il se concrétise.
  

  

Premières briques 

  
1969 : l'Arpanet 

  
Un réseau décentralisé se met en place sur commande de l'ARPA à BBN (Bolt Beranek and Newman Inc., une SSII de Cambridge, Mass.). Il comprend quatre grands centres universitaires américains :

  • UCLA (Université de Californie à Los Angeles) 

  • SRI (Institut de recherche de Stanford) 

  • UCSB (Université de Californie à Santa Barbara) 

  • L’Université de l'Utah 

Ces quatre centres étaient reliés par des câbles 50Kbps, et utilisaient le NCP ("Network Control Protocol"). C'est ce qu'on appelle l'Arpanet.
  
La date conventionnelle pour la « naissance d'Internet », c'est la date de publication de la Première RFC (« Host Software », par S. Crocker), le 7 avril 1969. C'est ce jour qui a été choisi pour célébrer l'anniversaire d'Internet. 
   
Définition : qu'est-ce qu'une RFC ? RFC veut dire « Request For Comment ». Ce sont des documents de l'IETF (Internet Engineering Task Force) qui ont vocation à être les standards d'Internet. Que doivent contenir les en-têtes d'un courrier électronique, comment présenter une URL, tout cela est défini par des RFC. Le site RFC Editor contient une base de données de toutes les RFC, avec un moteur de recherche. 

  
1971 : le courrier électronique 

  
C'est 1971 est inventé ce qu'on appellera plus tard une killer application (une application qui tue des ours™), le courrier électronique. L'e-mail a donc un peu plus de 30 ans ! C'est l'une des utilisations les plus populaires d'Internet : chaque année, des milliards de courriers électroniques sont échangés de par le monde, et plus de 100 millions de gens possèdent une adresse électronique. 

  

C'est Ray Tomlinson, de BBN, qui en est l'inventeur. À l'époque, Tomlinson travaille sur un système permettant à un utilisateur d'une machine de laisser un message à un autre utilisateur de la même machine (équivalent électronique d'un Post-It sur l'écran). En même temps, il teste un logiciel de transfert de fichiers via l'Arpanet. C'est en réunissant les deux concepts qu'il invente le courrier électronique. C'est également lui qui choisit l'arobase, ou arrobe (le fameux glyphe « @ » dont l'origine reste mystérieuse) comme séparateur pour les adresses électroniques. 


Anecdote : que contenait le premier courrier électronique jamais envoyé ? Le premier message télégraphique de Samuel Morse était « What hath God wrought? », le premier message téléphonique d'Alexander Bell,« Mr. Watson, come here; I want you ». Ray Tomlinson ne s'en souvient plus bien, mais il pense que c'était : « QWERTYUIOP », la première rangée de lettres d'un clavier qwerty... 

  
1973 : TCP/IP 

  
En 1973 se développe ce que l'on appellera plus tard le protocole TCP/IP, l'une des pierres d'angle de l'Internet actuel, sous la houlette de Vinton Cerf, de Stanford, et de Bob Kahn, de la DARPA (nouveau nom de l'ARPA). Vous pouvez avoir quelques explications sur ce protocole dans notre cours sur les réseaux. 

Ce sont ces deux hommes qui, en 1974, parlèrent pour la première fois d'« Internet ». Le protocole TCP/IP sera adopté par le Département de la défense pour l'Arpanet en 1976. 
 

1981 : Premier PC

L'IBM Personal Computer ou IBM PC, modèle 5150, est le premier ordinateur personnel produit, à partir de 1981 à plusieurs millions d'exemplaires par IBM (à la différence de ses trois prédécesseurs IBM 5100 et 5110 (et Système 23 Datamaster qui ne resta au catalogue que quelques semaines). premier%20PC.jpg



1983 : le DNS 


Au début de l'Arpanet, les informations nécessaires à la connections des machines entre elles (conversion nom <-> adresse) sont contenues dans un fichier nommé hosts.txt. Ce fichier est maintenu par le Network Information Center (NIC en abrégé) de l'Institut de recherche de Stanford. Chaque administrateur d'une machine reliée à l'Arpanet doit envoyer ses modifications au NIC qui les centralise et redistribue périodiquement le hosts.txt mis à jour. Au fur et à mesure que l'Arpanet se développe, le système devient trop lourd à gérer : le NIC ne peut plus faire face à la charge réseau, et il y a des problèmes de collision (deux machines qui ont le même nom) qui peuvent mettre en danger le bon fonctionnement de l'Arpanet. 
  
En 1983, pour résoudre ce problème, un groupe constitué de Jon Postel, Paul Mockapetris et Craig Partrige rédige les RFC 882 et 883 : le DNS ("Domain Name System") est inventé. C'est une base de données distribuée qui permet une gestion locale des noms de domaine, tout en rendant l'information disponible à tous. La base de données est divisée en zones. Pour chaque zone, un ou plusieurs serveurs de noms (name servers en anglais) répond aux requêtes des résolveurs. Les résolveurs sont des programmes qui communiquent entre les programmes utilisés par une machine et les serveurs de noms, et permettent de faire le lien entre nom d'une machine (clipper.ens.fr par exemple et adresse IP. 
  
En 1984 se mettent en place les «top level domains», c'est-à-dire les suffixes comme .com, .gov, .net ou encore .org. 
 


Le boom du World Wide Web


1989: naissance du Web 

  

C'est avec la naissance du Web qu'Internet s'étend au grand public. Soyons puristes : on fait généralement remonter la date de naissance du World Wide Web au texte « Information Management: A Proposal » de T. Berners-Lee : 

  

Tim Berners-Lee était alors chercheur au CERN de Genève, le laboratoire européen de physique des particules. Il souhaitait ainsi fournir au plus grand nombre de chercheurs possibles un système d'information global, fondé sur le système de l'hypertexte. 

 

Berners-Lee est l'inventeur du premier serveur Web, qu'il appelle « httpd », et du premier client Web, qu'il appelle « WWW », pour World Wide Web. Parmi les noms envisagés et rejetés, il y a avait « MOI » (pour Mine of Information, et « TIM » (pour The Information Mine)... À l'heure actuelle, Tim Berners-Lee travaille au MIT et dirige le W3C (« World Wide Web Consortium »), un consortium chargé de mettre au point les standards du Web. Vous pouvez consulter sa page Web. 
 


1989 : Première  "tablette"


Pesant 4 kg, c'est le premier terminal sans clavier et premier ordinateur portable à écran tactile avec un stylet. Environ 1 500 exemplaires seront vendus aux alentours de 3 000 dollars. La première tablette tactile « grand public » remonte à septembre 1989. C'est le GridPad fabriqué par Linus Technologies
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1993 : Mosaic 

  

C'est en mars 1993 qu'est inventé Mosaic, le premier des navigateurs grand public, doté d'une interface graphique. Son auteur est Marc Andreessen, étudiant à l'Université de l'Illinois, et assistant au NCSA (National Center for Supercomputing Applications). La première version de Mosaic est pour Unix, mais rapidement sortent des versions pour Windows et Mac OS. Mosaic connaît un succès et immédiat

 


Autre élément de l'importance de Mosaic dans l'histoire d'Internet : c'est le premier navigateur a avoir reconnu la balise IMG, autorisant ainsi l'emploi d'images sur des pages Web... 
  

 

1994 : Naissance du W3C

 
Tim Berners-Lee fonde le World Wide Web Consortium, également appelé W3C. Cet organisme a pour objectif et fonction d’émettre des recommandations afin de promouvoir et d’assurer la compatibilité des technologies utilisées sur le Web. Toutefois les standards proposés ne sont pas des normes absolues. L’organisme, essentiel pour assurer l’efficacité des applications tels que les navigateurs, est géré conjointement par des universités et centres de recherche américains, européens et japonais.

 

1994 : Le premier smartphone

Dès 1990, la norme GSM, 2G est développée, et en 1992, le GSM est utilisé dans sept pays de l'Europe avec un débit réel de 9,6 kbit/s.

Le premier smartphone, l'IBM Simon, fut conçu en 1992 et commercialisé en août 1994.
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1998 : Création de Google

 

Avec un capital de 1 millions de dollars, la société Google est créée en septembre 1998 par Larry Page et Sergey Brin. Google est un clin d'œil  au terme mathématique googol, qui est l'équivalent au nombre 10 à la puissance 100.

 

Déjà en 1996, Larry et Sergey, tous deux étudiants à l'université de Stanford, travaillent sur un projet nommé Backrub, visant à analyser les liens pointant vers un site web. Et c'est avec le conseil donné par David Filo, co-fondateur de Yahoo, que Google sera créé. En effet les étudiants pensaient integrer un moteur de recherche déjà existant.
 
En 1998, 10 000 requêtes sont effectuées chaque jour. Le 21 septembre 1999, la phase de test est terminée, avec plus de 500 000 requêtes.

En 2001, ce n'est pas moins de 1 million de requêtes quotidiennes et 3 milliard de pages référencées

Et en 2021 c’est 80 000 requêtes chaque seconde, soit 6,9 milliards par jour et 130 000 milliards de pages référencées.
 

 

google
  

 

1995 début de la guerre des navigateurs  


Marc Andreessen a continué de faire parler de lui en créant, en 1994, Netscape, un navigateur qui supplante rapidement Mosaic et règne en maître sur le marché des navigateurs, jusqu'en 1995, quand Microsoft lance Windows 95 et son propre navigateur, Internet Explorer. Menacé par ce puissant rival, Netscape, qui en est à Netscape 4, lance en 1998 le groupe Mozilla (d'après le nom de code de Netscape Communicator).

Le groupe Mozilla est chargé de produire un navigateur libre et gratuit, que Netscape pourrait récupérer ensuite. Mais le groupe Mozilla décide de tout réécrire de fond en comble et tarde énormément à rendre un produit fini. Impatient, Netscape lance alors Netscape 6, un navigateur qui ne satisfait personne et sera un échec complet.
 
Quand le groupe Mozilla sort enfin Mozilla 1.0 en 2002, Netscape (racheté entre temps par AOL) peut lancer Netscape 7, mais c'est déjà trop tard, Internet Explorer détient plus de 90% du marché.

En 2003, AOL prend acte de son échec et cesse de développer Netscape. Il aide à mettre sur pied la Mozilla Foundation, chargée de poursuivre l'écriture de Mozilla, permettant ainsi à une offre alternative libre.
 

1996

Le lancement d'ICQ, pionnier de la messagerie instantanée ;


1999 : Melissa pollue le Web

 
Le 26 mars 1999 un virus du nom de Melissa apparaît et génère un important trafic de messages électroniques, saturant en partie les serveurs. L’auteur du virus sera rapidement identifié et verra sa peine réduite grâce à sa collaboration avec le FBI pour l'identification d'auteurs de virus.

 

 

2000 : La bulle Internet à éclate


Les valeurs boursières spéculant sur les entreprises du secteur de l’Internet ont atteint un paroxysme qui a subitement provoqué un sévère revers. En effet, depuis plusieurs années, toute arrivée d’actions de start-up Internet est accompagnée d’une espérance absolument exagérée dans le potentiel de croissance de ces entreprises. Les cours atteignent ainsi des proportions impressionnantes sans rapport avec le chiffre d’affaire réel de ces dernières. Mais à partir de mars la bulle éclate pour aboutir à un réajustement violent, entraînant le secteur dans la récession.

 

 

2007 : La révolution du smartphone

Même si premier smartphone de l'histoire fut conçu en 1994 par IBM et construit par Mitsubishi Electric, ce produit est hélas resté très confidentiel.

Mais en 2007 lorsqu'Apple, lance son premier iPhone, avec interface tactile multipoint. Son succès fut aussi foudroyant qu'imprévu, il sera à l'origine des milliards de smartphones à écrans tactiles.


Et maintenant... 

L’histoire récente, vous la connaissez !

C'est l'essor considérable réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, avec la disparition progressive de la vie privée de leurs "clients".

L'augmentation quasi exponentielles des spams, virus, hoax, malware et autres emmerdes numériques !

La démocratisation d'Internet haut débit via le smartphone ou une tablette, nous enchaine encore plus à nos écrans !

C'est la révolution permanente, la planète rétrécie a vue d'œil, Les nouvelles bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses circulent de plus en plus vite et de façon de plus en plus anarchique, vérolées si possible par des pubs omniprésentes.


 

Voici une réflexion intéressante sur le futur d'internet

 

Extrait du blog de Mr Bruno Oudet sur le site Les Echo.fr

http://blogs.lesechos.fr/article.php?id_article=228
 

Aujourd’hui on connaît bien le tableau. La quasi-totalité des cadres communiquent par courrier électronique, les enfants des classes moyennes se sont appropriés l’outil et initient leurs parents, l’administration s’y met avec un service d’information en ligne chaque jour plus complet et performant, des procédures en ligne. Le succès de l’Internet conduit même à voir baisser pour beaucoup le nombre d’heures passées devant la télévision, un mouvement qui est certainement destiné à s’amplifier. On achète sur le net des voyages, des fleurs, des objets de brocantes, des voitures, des appartements... Les CV ne circulent pratiquement plus que sous forme électronique. Mais tout n’est pas gai. Les spams envahissent nos boîtes aux lettres, les virus sont chaque jour plus agressifs et pernicieux et nous laissons des traces sur la toile qui sont susceptibles de porter atteinte à notre vie privée. Et puis il demeure la fracture numérique, une occasion manquée d’aider grâce au numérique et à l’Internet ceux qui en ont le plus besoin.

Et demain, que sera l’Internet ? L’imaginer est l’objet des rencontres d’Autrans, haut lieu de réflexion sur les usages de l’Internet, et l’avenir. Certains disent que l’on ne peut sur ce sujet prévoir que ce qui se passera dans trois ans, d’autres prédisent carrément la mort d’ici cinq ans de l’Internet que nous connaissons et l’apparition d’un système plus sécurisé, plus contrôlé. Professeur, je pose évidemment une question sur les connaissances : Internet restera-t-il cet immense fourre-tout de connaissances, de vécu, de services qu’il est aujourd’hui, ou sera-t-il remplacé par quelque chose de mieux organisé, validé, conservé ? Le modèle de financement sera-t-il le même que celui de la télévision (par la publicité), ou saura-t-on mettre en place un micro-paiement qui permettra une juste rémunération des auteurs, accompagné d’un système de jetons gratuits pour les personnes de faibles ressources ?


   

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